Objectif postsecondaire : chemin classique ou année sabbatique ?

Dans cet article, nous allons parler de la transition entre le secondaire et l’université. Comment ça se passe ? Est-ce difficile ? Que faire ?

Dans un premier temps, nous avons interviewé Wassim qui nous a fait part de son expérience.

Par la suite, nous avons interviewé Lamiya Boualie qui a récemment terminé une année sabbatique à travers le monde avec l’EF. Elle va donc nous expliquer comment s’est passée cette année incroyable.


Bonjour Lamiya, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Lamiya Boualie : Bonjour, je m’appelle Lamiya. J’ai 19 ans. Je viens de revenir d’une année sabbatique. J’ai terminé mes études secondaire en sciences économiques. Aujourd’hui, je cherche une université qui me convienne. Une université qui est plus dans les sciences économiques parce que j’aime beaucoup tout ce qui est business et entreprises. Et à côté de ça, je suis très intéressée par les livres de développement personnel et par la musique. Et ce voyage m’a permis de grandir physiquement et mentalement.

Tu étais dans quelle école avant et comment ça s’est passé ?

Lamiya Boualie : J’étais à Permeke à Evere, j’étais en sciences éco. Je suis arrivée en Belgique quand j’avais 13 ans. Avant j’habitais en Algérie donc forcément mes cours étaient en arabe. Mon père a été envoyé par l’État algérien en Belgique pour travailler. Donc, forcément, il a dû m’inscrire dans une école francophone (…). Comme le niveau était assez haut en Algérie, je me suis adaptée directement au système belge. Ce qui m’a le plus choquée dans le système belge, c’est qu’on peut réussir une année en ayant 50 %, alors qu’en Algérie il faut minimum 70 % pour réussir. Il y a aussi cet esprit de compétition qui m’a donné envie de réussir et d’apprendre encore plus cette langue (le français, ndlr) qui ne m’était pas totalement inconnue car en Algérie, la deuxième langue obligatoire c’est le français. J’ai vécu un déracinement en allant en Belgique très jeune, du fait que j’ai passé toute mon enfance et toute mon adolescence presque en Algérie. Alors le fait de partir pour faire une année sabbatique autour du monde, ça ne m’a pas fait peur car j’ai déjà été confrontée à l’inconnu.

Pourquoi ne pas avoir choisi un parcours classique, c’est- à-dire, à la fin de ta 6e secondaire, aller directement à l’université ?

Lamiya Boualie : Alors écoute, c’est tout simple, c’est parce que, premièrement, ça fait partie de mes hobbies les voyages. J’aime beaucoup voyager. Avec mes parents, plus jeune, j’ai quand même assez bien voyagé. Par exemple, le premier pays où on a voyagé, c’était la France, plus précisément Marseille, qui est la deuxième capitale de l’Algérie.

Donc, comme tout Algérien qui se respecte, c’était obligé de passer par là. Puis, après le fait d’être venue en Belgique, c’est ce que je disais tout à l’heure, le fait d’être déraciné du jour au lendemain, de changer de culture, de changer de langue, de changer de nourriture, d’amis, d’environnement, je veux dire c’est une métamorphose totale. Une fois que tu vis ça dans ta vie, tu te dis pourquoi je vais directement m’engager à aller en haute école ? Alors que, déjà, ces études secondaires ne nous apprennent pas forcément tout ce dont on a besoin dans la vie active. Donc je me suis dit : « non, c’est pas possible, je ne veux pas rentrer dans un cadre scolaire une troisième fois. » Parce que, déjà, je ne suis pas tout le monde, je suis quelqu’un qui sort des sentiers battus. Je voulais faire quelque chose de différent, et différent pour moi c’était de voyager. donc j’ai essayé de convaincre mes parents ce qui n’était pas évident, forcément, pour partir à l’étranger. L’avantage que j’ai eu c’est que les amis de mes parents ont eu cette expérience avec leur fille. Ils ont envoyé leur fille a l’EF pendant les vacances. C’est vrai que c’est pas une année sabbatique, mais ils ont quand même coupé le cordon à 17,18 ans envoyer leur fille pendant les vacances scolaires. Je trouve ça génial alors moi j’ai dû attendre 18 ans pour pouvoir voyager. Je me suis dit si je voyage, alors autant prendre un an entier et pas juste des vacances scolaires.

Comment s’est passée ton année sabbatique ?

Lamiya Boualie : Alors, écoute, d’abord il a fallu convaincre mes parents parce que c’était pas quelque chose de facile à faire accepter : malgré que ici, en Belgique, « oui tu as 18 ans, tu fais ce que tu veux, t’es majeur et vacciné, fais ce que tu veux ». Non, je viens d’un milieu où on a une culture, des valeurs d’éducation et surtout du respect de nos parents. Si aujourd’hui je suis ce que je suis, c’est grâce à eux, en partie. Donc il fallait quand même partir la conscience tranquille. Avoir surtout l’accord de mes parents pour vraiment vivre à fond ce que j’allais vivre pendant un an. Donc ça m’a pris du temps pour les convaincre. La société avec laquelle je suis partie c’est EF c’est une société qui fait ce genre de voyage.

Donc moi et mes parents, on s’est renseigné auprès de la société. Ca a pris du temps parce que il fallait que ça mûrisse dans leur tête, et d’ailleurs dans la mienne. Même si j’en avais très envie, quelque part j’étais très stressée. Parce que je partais vers l’inconnu. Cette organisation m’a vraiment rassurée en me disant que j’étais encadrée. J’allais apprendre l’anglais dans des maisons dans chaque pays donc tout était déjà programmé à l’avance, et les pays que je devais voir. La cerise sur le gâteau c’est que, grâce à ça, je suis parfaitement bilingue en anglais. Le fait d’avoir voyagé en Amérique du Sud m’a permis d’avoir quelques notions en espagnol. Mais surtout, maintenant, un diplôme en anglais. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, je pourrais dire que c’est ma quatrième langue. Donc ma langue maternelle, c’est l’arabe, puis le français, puis le néerlandais (j’étais obligée à l’école) et puis l’anglais. Alors ce qui a aussi rassuré mes parents, c’était les personnes que cet organisme côtoyait. Forcément, c’est des budget assez élevés et ça n’est pas donné à tout le monde.

J’ai donc voyagé au Canada, en Amérique du Sud. Ce qui était bien auss, c’est que, après six mois, il y a eu une petite coupure parce que je pouvais rentrer chez moi. Je pouvais rester 15 jours, histoire de refaire ma valise. Ce qui était bien aussi, c’est que dans mon contrat de un an, on part six mois vers l’Amérique du Sud l’Amérique, puis après, on retourne 15 jours chez nous et puis après on repart pour six mois mais vers l’autre côté du monde. C’est-à-dire tout ce qui est Asie etc.

En Asie, j’ai fait la Corée-du-Sud, le Japon, la Thaïlande, c’était mes destinations préférées. Le grand avantage de mon voyage c’était de faire des rencontres. Tu fais beaucoup de rencontres par rapport aux personnes avec qui tu viens. Parce que les gens viennent du monde entier, et ils veulent vivre la même chose que toi. Ils ont soif d’apprendre, soif de découvrir ce qui se passe ailleurs que chez eux. Ce voyage est bénéfique pour ma vie professionnelle parce que maintenant j’ai des amis du monde entier presque.

Est-ce que tu vas reprendre des études à l’université après cette année de pause ?

Lamiya Boualie : Ecoute, franchement, je pense que je serai capable. Je pense que j’ai déjà fait le tour de la question depuis un moment.
C’est un voyage pendant lequel tu as vu, tu as rencontré des gens pendant un an, etc. Il y a un moment où tu te dis « je dois faire autre chose, je peux pas passer ma vie à voyager, même si j’aimerais tellement le faire ». Plein de questions me viennent. Est-ce que ce serait pas ça ma vie ? Est-ce que je chercherais pas un travail qui me correspond à l’étranger ? Est-ce que je fais du tourisme, si j’ai envie de continuer dans le domaine du voyage ? Encore une fois, il faut faire des études. Donc, je suis quelque part obligée de continuer mes études pour faire un travail qui me plaît.

Je me suis remotivée par rapport à tout ce que j’ai vécu. Je me suis dit qu’il faut que j’arrive à terminer mes études pour que, après, je puisse retourner voyager. Mais surtout avec mon indépendance financière.

Pourquoi ne pas avoir fait tes études à l’étranger ?

Lamiya Boualie : Je crois que c’était trop tôt. Parce que je n’assimilais pas très bien la langue et j’étais pas prête encore dans ma tête pour étudier aux États-Unis. Ceci dit, après ça, j’ai connu des gens pendant mes voyages qui avaient l’intention de faire leurs études à l’étranger. Mais j’ai l’impression qu’ils ne savaient pas vraiment de quoi ils parlaient. Par contre, j’ai une amie qui est partie à l’étranger. Elle s’est très bien plu mais c’était excessivement compliqué. Il fallait aussi être parfaitement bilingue. Maintenant, c’est vrai que je pourrais envisager de faire des études là-bas, mais le problème c’est l’argent parce que ça coûte très très cher. Deuxièmement est-ce que c’est vraiment ça ce dont j’ai envie ? Je crois que je serai capable mais c’est une question d’argent. Parce que je trouve que c’est une très belle expérience. Maintenant je pourrais demander une bourse mais il y a quand même des conditions à remplir. Entre-temps je pourrais commencer des études, sinon ce serait une perte de temps pour moi.

Pour finir, est-ce que tu conseillerais ce voyage aux élèves qui sont en sixième année qui vont rentrer a l’université ?

Lamiya Boualie : Franchement oui, je la conseille fortement, parce qu’on grandit, je pense que si j’étais restée ici en Belgique, j’aurais été directement m’inscrire dans une université. Je ne serais pas devenue la personne que je suis aujourd’hui. Une personne mature, indépendante.

C’est vrai ce qu’on dit, le voyage t’ouvre l’esprit. Pour moi, il l’a vraiment fait. Je pense que c’est très bénéfique pour les personnes qui ont besoin de faire une pause après 12 ans d’étude. Même si ça coûte beaucoup d’argent.

Cette expérience m’a apporté tellement de choses que j’en suis ressortie nouvelle. Pour finir je pense que la phrase qui résume tout ce que j’ai dit c’est vraiment « partir pour mieux revenir » .

Pour conclure, nous espérons que cela vous aura donné quelques idées afin de mieux voir la fin de vos secondaires et commencer au mieux le début de votre nouvelle vie.

Par Jazmine et Shaima